Hier soir j’ai pris mon cahier et mon stylo, et poussé mes fistons au lit pour voir à la télé le nouvel opus de l’émission Capital Terre dont le premier numéro m’avait pas mal bluffée l’année dernière. Pour tout vous dire, là un peu moins parce que je n’étais pas toujours sûre d’être dans une émission d’information ou de téléréalité dont Guy Lagache serait le héros (ah Guy au fond de la mine d’étain, en sueur dans la jungle, dans une exploitation agricole en Chine, en combinaison dans une déchèterie, poussant un caddy au supermarché,…).
Passés ce parti-pris de sexysation du sujet écologique et la bêtise du titre : Comment consommer sans piller la planète ? (consommer – trop- c’est piller la planète de toutes façons mais chez M6 on n’a peut-être pas envie de fâcher les annonceurs qui investissent leurs écrans de publicité en prônant la décroissance 😉 ), j’ai suivi avec attention les aventures de Tintin Guy autour du monde remontant la filière de fabrication des objets de notre quotidien.
C’est là, je trouve, la grande force de cette émission que d’expliquer et montrer clairement toutes ces étapes invisibles pour nos yeux d’occidentaux : de la matière première à la mise en rayon. Et biensûr c’est édifiant :
> le cheminement de la culture des balles de coton recueillies à la main dans les pays du sud, nécessitant pas moins de 11000 litres d’eau pour récolter un kilo, asséchant au passage les cours d’eau et même les mers comme celle d’Aral, qui passent ensuite par l’étape de teinture à base de produits toxiques déversés dans la nature avant d’être cousus par des ouvriers mal payés … l’explosion de la demande de coton est telle qu’elle a été multipliée par 3 ces 50 dernières années et ça ne va pas s’arranger à l’avenir.
> l’extraction des métaux précieux indispensables à la fabrication de nos téléphones portables notamment, des métaux qui sont une ressource non renouvelable (la masse d’étain disponible dans les sous sols est estimée à disparaitre d’ici 20 ans) et qui génère des conflits armés en République démocratique du Congo notamment. Et pourtant nous jetons nos téléphones avant même qu’ils ne soient en panne, poussés par des technologies et des design toujours plus innovants.
> l’utilisation intensive de la matière plastique dans tous les objets et modes de consommation du quotidien, dans une logique jetable qui a un coût très lourd pour l’environnement : le pétrole est une matière non renouvelable et surtout 10% des plastiques produits sont laissés dans la nature et finissent dans la mer où ils s’accumulent au fond puis se morcellent et se fragmentent. La concentration de plastique dans l’eau est de plus en plus importante et elle se retrouve même dans la chaine alimentaire . Des mers de plastique ont été identifiées à 5 endroits dans les océans du globe, rien qu’en Méditerranée le nombre de fragments est estimé à 250 milliards.
Ces démonstrations ont une vraie valeur pédagogique car la frénésie de consommation qui caractérise notre époque est déconnectée de toute réalité physique, de la conscience que notre planète est finie et que ce que nous surexploitons ne reviendra pas. Consommons moins, consommons mieux.
Voir aussi mon billet sur le premier numéro de l’émission.
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